Un autre rapport entre salarié et entreprise

Lyon : une entreprise permet à ses salariés de prendre des congés illimités

L'entreprise d'informatique lyonnaise Anikop permet à ses salariés de prendre autant de vacances qu'ils le souhaitent, depuis le 1er janvier 2021. Seule contrainte : ne pas gêner un autre collaborateur ou le développement d'un projet.

Cette nouvelle disposition est simplement encadrée par une charte morale rédigée par les 31 salariés eux-mêmes.
Cette nouvelle disposition est simplement encadrée par une charte morale rédigée par les 31 salariés eux-mêmes. • 
© Franck Dubray / Maxppp

L'entreprise d'informatique Anikop, basée à Limonest près de Lyon, propose depuis le 1er janvier 2021 aux salariés de prendre des congés illimités, sans dispositif de contrôle.

Une charte morale

Le principe est simple : chaque salarié est libre de prendre ses vacances quand il le souhaite, aussi longtemps qu'il le souhaite. Les rapports avec la direction de l'entreprise reposent sur la confiance et la prise de responsabilité de chacun. Cette nouvelle disposition est simplement encadrée par une charte morale rédigée par les 31 salariés eux-mêmes : les congés, "validés automatiquement", ne doivent "pas mettre en péril l'entreprise ou l'un de ses projets" ni "gêner les autres collaborateurs". Le directeur, Nicolas Perroud, est confiant : "je suis persuadé que dans un an, on n'aura relevé aucun abus. Aujourd’hui j’ai une équipe mature, au sein de laquelle la confiance est totale, permettant de mettre en place les congés libérés", estime-t-il.

Pas d'abus en vue

Si cette perspective peut faire saliver le grand public, dans les faits, il paraît en fait peu probable que les salariés en abusent. Ils disposaient de 5 semaines de vacances et de diverses RTT jusqu'ici, et les habitudes ne devraient pas changer radicalement "moi je n'ai pas spécialement prévu de prendre plus de congés qu'avant", confirme Sébastien Polard, Business developer pour Anikop. "J'ai plusieurs projets en cours de développement, je veux les mener à terme. Chacun est libre, mais on est aussi responsables et concernés par les projets de l'entreprise." Finalement, cette plus grande responsabilité donnée à chacun pourrait même poser un nouveau défi : celui du regard des uns sur les autres. Les salariés oseront-ils prendre plus de congés si les autres ne le font pas ? Sur ce sujet, Sébastien se veut confiant : "chacun sait ce qu'il a à faire, chacun a ses engagements, ses deadlines. On verra à la fin de l'année, mais pour moi il n'y a pas de raisons que ça se passe mal."  

Salariés responsables

Les salariés, entièrement associés aux décisions de l'entreprise, ont adopté cette nouvelle disposition, appelée "congés libérés", en référendum. Anikop se défini comme une entreprise "libérée", reposant sur la confiance et la bienveillance: "il y a 4 ans, aidés par un coach, nous avons fait sauter toutes les règles", explique M. Perroud. Mais pas question de mettre l'entreprise en difficulté. Elle garde comme but d'être viable et rentable. "Tous les chiffres sont partagés, comme ça il n'y a pas de secret, et on travaille ensemble vers l'objectif fixé. Ça ne veut pas dire qu'on fait un vote sur chaque décision, [mais] chacun est responsable et autonome". A ce jour, seules 2 autres entreprises en France auraient adopté des dispositions similaires concernant les congés, mais avec une conditionnalité liée à la réalisation d'objectifs.

Moins de "lourdeurs administratives"

Cette souplesse permet de libérer Anikop de "certaines lourdeurs administratives" difficiles à supporter pour une société de cette taille : elle n'emploie que 31 salariés. Le pari est d'arriver à gérer "les 3% de salariés qui abusent du système" et obligent les entreprises à élaborer les réglementations à chaque fois plus complexes pour limiter les abus. "On a eu aussi ces 3%, souvent des gens qui ont eu par le passé des expériences difficiles avec leur hiérarchie. Mais, petit à petit, les 97% restant font comprendre l'intérêt du système."  Anikop est une filiale de Groupe LDLC, un des leaders français de la distribution de matériel informatique, qui vient d'adopter, de son côté, la semaine de 32 heures sans perte de salaire (Anikop n'est pas concernée par cette mesure). La petite filiale a pour sa part déjà été récompensée à 2 reprises par des labels valorisants la qualité de vie au travail.

Créée en 2006, Anikop gère notamment des titres prépayés et propose des solutions de traitement informatique de gestion, suivi d'affaires ou d'expertises comptables. 


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