La famille, la femme et la sexualité familiale

            Vingt siècle de judéo-christianisme laisse des traces dans le formatage du corps occidental. Si on cherche le pendant judéo-chrétien aux érotiques chinoise, indienne, japonaise, persane, grecque, romaine, on ne trouve rien ! Sinon l'inverse d'une érotique : haine des corps à partir de la fable d'un fils de dieu, un mythe nommé Jésus qui sert de premier modèle à l'imitation : un corps qui ne boit pas, ne mange pas, ne rit pas, n'a pas de sexualité, autrement dit un ANTICORPS , haine des corps donc, de la chair, du désir, du plaisir, des femmes et de la jouissance. Dans nombre de pays non occidentaux, il existe une tradition de la pédagogie d'Éros : en Chine, au Japon,, en Inde bien-sur, on trouve des ouvrages dans lesquels, pour montrer la dimension éminemment culturelle de l'érotisme et de l'acte sexuel, on explique, on raconte, on précise, on enseigne le corps sexué, le corps sexuel, le corps amoureux, le corps jubilatoire. Aucun art de jouir catholique, mais un savant dispositif castrateur et destructeur de toute velléité hédoniste. L'un des piliers de cette machine à produire des eunuques, des vierges, des saintes, des mères et des épouses en quantité, s'effectue toujours au détriment du féminin dans la femme. Pourquoi ?? simplement pour protéger la sacro-sainte « Famille » et réaliser le dessein de la nature, la reproduction de l'espèce :

A l'origine de l'humanité la « famille » mobilisait mâle et femelle chacun pour un rôle particulier : pour les femmes entretenir le feu, cuisiner, garder les enfants pendant que les hommes chassent pèchent cueillent etc...Procréer et participer ensemble à la reproduction de l'espèce en se reproduisant puis en protégeant et nourrissant les petits. Des millénaires plus tard, malgré la couche culturelle et les strates intellectuelles des civilisations, en est-il vraiment autrement ? Cet agencement primitif, la politique et la société le récupèrent, lui donnent crédit sous forme de loi fondatrice. Dès lors, la famille constitue la cellule de base de la société. La famille nucléaire réalise le projet de l'espèce en permettant l'accomplissement du dessein de la nature : la reproduction de l'espèce. Mais 2 forces pourrait venir contrarier cet ordre : le désir qui active une formidable force antisociale et la puissance du féminin. La crainte de la castration chez l'individu mâle puis le désir pour la société de régler son compte à une puissance qui la conteste et la met en péril pousse les hommes à codifier le sexe : le code de bonne conduite libidinale féministe devient dès lors, par pure promotion de l'arbitraire mâle, la loi intransgressible. Comment élaborer puis promulguer ce code ? A l'aide de la religion, excellente complice en matière d'extinction des libidos. Mais comme le renoncement aux plaisirs de la chair est une vue de l'esprit une alternative est proposée : si le sacrifice total du corps reste inaccessible on veut bien consentir à un sacrifice partiel : la chasteté familiale suffira. Cette solution de repli a le mérite de laisser à la société, donc à l'espèce, la voie libre pour ses projets : en consentant à une sexualité uniquement dans le cadre familialiste, monogame, on laisse la voie libre à la reproduction de l'espèce donc à la pérennité de la communauté humaine.
Avec le temps la flamme de la passion originelle du couple dans le schéma de la famille, s'amenuise puis disparaît. L'ennui, la répétition, l'encadrement du désir (libertaire et nomade par essence) dans la forme contraignante d'un plaisir répétitif et sédentaire atteint la libido. Dans la famille où le temps se donne prioritairement aux enfants et à l'époux, la femme meurt avec le triomphe en elle de la mère de famille et de l'épouse qui consomment et consument la quasi-totalité de son énergie.


A CE PRINCIPE J'OPPOSE LE PRINCIPE DE L'EROS LÉGER :
Pour abolir cette misère sexuelle finissons-en avec les logiques perverses qui la rendent possible : le désir comme manque, le plaisir associé à ce prétendu manque dans la forme d'un couple fusionnel, la famille détourné de sa nécessité naturelle et transformée en résolution de la libido envisagée comme un problème, la promotion du couple monogame, fidèle, partageant le même foyer au quotidien, le sacrifice des femmes et du féminin en elles, les enfants transformés en vérité ontologique de l'amour de leurs parents. Le travail de dépassement des ces fictions socialement utiles et nécessaire mais fatales pour les individus contribue à la construction d'un Éros léger.
L'avancée de mœurs couplée à celle de la science (avec la contraception) a permis de commencer à dissocier amour, sexualité et procréation. La confusion des ces 3 instances par la morale chrétienne oblige à aimer d'amour le partenaire de la relation sexuelle dans la perspective de faire une enfant. La fécondité maîtrisée, un second temps tout aussi radical devrait rendre possible la sexualité sans l'amour qui va avec. La séparation d'avec l'amour n'exclut pas l'existence du sentiment, de l'affection ou de la tendresse. Ne pas vouloir s'engager dans une histoire de longue durée n'interdit pas la promesse d'une douceur amoureuse. La relation sexuelle ne vise alors pas à produire  des effets dans un futur plus ou moins proche mais à jouir pleinement du pur présent, à vivre l'instant magnifié, à épuiser l'ici et maintenant dans sa quintessence.  


Extrait de "La puissance d'exister" de Michel Onfray
Passages en italique extraits de "Le souci des plaisirs" de M. Onfray




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