Il s'agit d'être chacun sculpteur de sa propre statue.
Chacun demeure responsable de son être et de son
devenir.
Que doit-on chercher à produire ?
Un Je, un Moi, une subjectivité radicale. Une identité
sans double. Une réalité individuelle. Une personne droite. Un style
remarquable. Une force unique. Une énergie. Une belle individualité, un
tempérament, un caractère. Sans vouloir le chef-d'œuvre, sans viser la
perfection – le génie, le héros ou le saint – il faut tendre à une souveraineté
inédite.
Seul ce Je rend possible la déclinaison du monde : car
Tu, Il, Elle, Nous, Vous, Ils et Elles déclinent autant de modalités de
l'altérité.
Une relation avec l'autre est impossible à construire
si la saine relation entre soi et soi qui construit le Je n'existe pas. Une
identité défaillante, ou absente à elle-même interdit l'éthique. Seul la force
d'un Je autorise le déploiement d'une morale.
Tout Je qui n'est pas voulu, travaillé par une puissance,
taillé par une énergie, se construit par défaut avec tous les déterminismes
qui prennent la place : déterminismes génétique, social, familial, historique,
religieux, géographique, sociologique... ils sont nombreux à façonner du dehors
un Moi qui tire sa substance des forces extérieures, construisant un Moi
défaillant, une identité inachevée.
Extrait de "La puissance d'exister" de
Michel Onfray
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